Sur les 175 fonds durables analysés par Financité (recensement au 31 décembre 2024) 120 fonds (soit 69 %) détiennent au moins un actif figurant sur la liste noire climaticide. Cela représente 257,3 millions d'euros dédiés aux énergies fossiles, à la déforestation, au charbon, au pétrole ou gaz non conventionnel ou les nouveaux projets d’énergies fossiles.
Les investissements climaticides restent largement concentrés dans les énergies fossiles. Fin 2024, 65 % des fonds analysés avaient investi dans des entreprises actives dans ce secteur, pour un encours total de 253,9 millions d’euros. 58 % financent aussi des entreprises engagées dans des projets d’expansion fossile, 41 % sont exposés au charbon, et 8 % au pétrole et gaz non conventionnels. Par ailleurs, 29 % des fonds présentent une exposition à la déforestation, et 9 % à des bombes climatiques, c’est-à-dire des projets susceptibles d’émettre plus d’une gigatonne de CO₂ sur leur durée de vie.
Nombre de fonds « durables » qui investissent dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire climaticide selon le type d’implication

« Il ne s’agit pas ici de trancher la question de l’autorisation ou non de ces activités économiques dans nos sociétés. L’enjeu est plutôt de comprendre pourquoi ces activités se retrouvent dans des fonds qui se présentent comme socialement responsables », s’interroge Audrey Degée, chercheuse chez Financité.
Droits fondamentaux, armes de guerre et nucléaire
Financité a également étudié ces produits financiers au regard de trois autres listes noires d'investissement.
Sur 175 fonds analysés 87 % ont un actif repris sur la liste noire des droits fondamentaux. 297 millions ont donc été investis dans des États ou entreprises qui ne respectent pas des principes contenus dans les conventions ratifiées par le Belgique portant sur le droit humanitaire, civil, environnemental, social et de gouvernance. Les violations identifiées concernent principalement la gouvernance (25 %), les droits civils (20 %) et des violations combinant droits civils et humanitaires (24 %).
87 fonds, soit 50 %, ont investi dans au moins un actif figurant sur la liste noire « armes de guerre ». L’encours total investi dans des entreprises ou des États présents sur cette liste s’élève à 138,4 millions d’euros. Parmi ces armes se trouvent celles dites controversées qui font l’objet de la loi belge du 8 juin 2006 relative à l’interdiction du financement d’armes controversées. 48 fonds (27 %) ont investi dans une entreprise ou un État actif dans les armes controversées.
116 fonds durables sur 175 analysés (66 %) ont investi dans au moins un actif lié à l’énergie nucléaire ou les armes nucléaires, pour un encours total de 330,6 millions d’euros.
Parmi les 409 produits financiers ISR commercialisés sur le marché belge, nous avons identifié que 164 des 175 fonds étudiés investissent dans des entreprises ou des États présents dans au moins une des listes noires de Financité, soit 93,7 % de l’échantillon analysé.
41 % des fonds étudiés, possèdent des actifs figurant dans les quatre listes noires de Financité. « Ces fonds soutiennent donc des activités qui ne peuvent en aucun cas être qualifiées de socialement responsables », regrette Audrey Degée, chercheuse chez Financité. Il s’agit d’activités contribuant au dérèglement climatique, dangereuses pour la vie humaine (comme les armes de guerre) ou encore très controversées, à l’image de l’industrie nucléaire.
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