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Les épargnant·e·s belges sont les moins chanceux·euses de la zone euro
La moyenne des taux d'intérêt sur les comptes d'épargne belges a timidement atteint le pourcent à l’été 2024.
12 novembre 2025
Paragraphe actualités

Entre 2022 et 2024, la période de forte inflation que nous avons connu a eu deux effets : un, augmenter le prix de beaucoup de biens, faire remonter le taux des crédits bancaires. Les institutions financières n’ont en effet pas perdu de temps pour répercuter la hausse des taux dans les crédits qu’elles accordent.

Mais il y a un endroit où la hausse des taux n’a pas été répercutée : les comptes d’épargne. En France, au Luxembourg et aux Pays-Bas, le taux d’intérêt moyen payé par les banques sur les comptes d’épargne a rapidement augmenté entre début 2023 et fin 2023, jusqu’à 3,5 % chez nos voisin·e·s français·e·s. La moyenne des taux belges, elle, a timidement atteint le pourcent à l’été 2024. Depuis, tout le monde a un peu baissé ses taux. En septembre 2025, le taux moyen des comptes d’épargne en Belgique était de 0,74 %, contre 1,21 % dans la zone euro.

Est-ce étonnant ? Pas vraiment. Avec 300 milliards d’euros sur les comptes d’épargne réglementée, les banques sont frileuses. Car augmenter (même un tout petit peu) la rémunération de l’épargne a des conséquences importantes pour les institutions bancaires. Mais surtout, le marché belge est un oligopole où roulent en peloton les quatre grandes banques du pays.

L’absence totale de réaction des banques à la hausse des taux (côté rémunération de l’épargne, car du côté des crédits les banques n’ont pas oublié d’augmenter les taux) en est l’exemple : « un premier examen du niveau et de l’évolution des taux d’intérêt des comptes d’épargne indique que le rendement moyen de l’épargne dans les quatre grandes banques du pays a été historiquement et systématiquement inférieur au rendement de l’épargne dans les autres banques », notait l’Autorité belge de la concurrence dans son rapport sur la concurrence dans le secteur bancaire belge publié fin 2023.

On pourra dire que l’épargnant·e belge est en partie responsable, que sa très faible mobilité bancaire n’encourage pas les banques à se faire concurrence. Mais quand il faut se passer de la prime de fidélité en changeant d’institution alors que la différence est faible, est-ce vraiment étonnant ? Où en sont les discussions visant à supprimer la différence entre taux de base et prime de fidélité, ce qui favorisait la comparaison entre institutions bancaires et encouragerait à changer de banque ?

En réalité, dans un marché dominé par quatre grandes institutions qui s’observent de près et adoptent un comportement substantiellement similaire. Si une des quatre décidait de jouer le jeu de la concurrence et augmenter la rémunération de l’épargne, les trois autres devraient réagir. Et ça, entre copines, ça ne se fait pas.

 

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